liam ∞ elizabeth

Quelques sms échangés avec Liam avaient suffi à me mettre dans un sale état. Il était le premier ici à savoir ce qu’il s’était passé ces derniers mois – même s’il n’avait pas les détails – et serait certainement le seul à être au courant. J’avais hésité d’abord, car étant proche de mon frère j’eus peur qu’il le lui raconte pour essayer de me venir en aide. Mais il avait promis : et Liam avait toujours tenu toutes les promesses qu’il avait faites à mon égard. Passer le voir dans l’après-midi me semblait une bonne idée, Julian n’en saurait de toute façon rien puisqu’il travaillait toujours la journée et que j’étais seule dans son appartement. Je n’avais rien prévu de toute façon, et puis ça devait bien faire un an que je n’avais pas revu Liam. Il me manquait atrocement, presque autant que Julian : c’était pour dire si j’avais besoin de lui. Voilà, c’était un peu comme si Liam faisait partie de ma grande fratrie : toujours là pour moi et je le lui rendais d’ailleurs bien quand je le pouvais. Il pouvait compter sur moi quand il le voulait et d’ailleurs, j’avais hâte d’apprendre ce qu’il avait pu se passer de nouveau dans sa vie depuis nos dernières conversations.

Allongée sur le lit que je squattais temporairement, je réfléchissais à ce que je pourrais bien lui dire de façon à ne pas fondre en larmes dès que nous aborderions le sujet. Parler de Jeremiah était douloureux, d’autant plus que je commençais à regretter toute cette histoire et ma lâcheté par la même occasion. D’accord, cet enfant m’aurait rappelé des tas de mauvaises choses, un ex qui me frappait, mais je n’avais pas le droit de faire ça. Décider de la vie ou de la mort d’un petit être… je n’aurais jamais dû avoir ce choix. Pourtant mon meilleur ami avait essayé de me rassurer, de me dire qu’il n’y avait pas d’autres solutions et je l’avais cru. Seulement maintenant, je déchantais. Dans le fond, j’avais toujours voulu d’un bébé mais je n’avais pas su saisir l’occasion, pas su être assez forte.
Après maintes et maintes réflexions, je décidai d’enfin aller le voir. Il se passerait ce qu’il devrait se passer, et puis des larmes de ma part il en avait déjà vu non ? D’autant que ses câlins me manquaient, et plus vite j’irai, plus vite j’en aurai.

Ne tenant tout de même pas à venir les mains vides – de peur de déranger plus qu’autre chose – je passai à l’épicerie la plus proche pour prendre de quoi nous désaltérer et fêter nos retrouvailles en même temps. Liam habitait dans le même quartier de mon frère, ce qui m’arrangeait grandement à cet instant car l’impatience me gagnait. J’avais beau me dire que je ne lui sauterais pas dans les bras dès qu’il ouvrirait la porte : je me connaissais. Un pack de bières en main – le but n’étant pas non plus de prendre la cuite du siècle – je filai enfin vers chez lui. Et une fois devant la porte, je me stoppai un moment. C’était bizarre, mais le stress commençait à me prendre. Je n’avais pourtant pas peur qu’il me juge, Liam ne ferait jamais ça. Mais peur de le déranger, sans doute… Je frappai, la porte s’ouvrit. Mon souffle se coupa deux secondes lorsque mon regard se posa sur mon ami, puis finalement et comme prévu je vins immédiatement me coller dans ses bras, les larmes aux yeux. Des larmes de joie, probablement.

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La blague de mon ami eut le mérite de me faire sourire un peu. À dire vrai il m'avait tellement manqué que seul le fait de le voir et de le serrer contre moi me réconfortait énormément. J'avais toujours eu besoin de lui mais en général tout se passait par téléphone afin de se voir le moins possible et e n'embêter personne. Cela dit je n'avais pas résisté cette fois et de simples sms n'avaient pas suffis alors que je le savais dans le même quartier que mon frère. On ne pouvait pas m'en vouloir... Ce n'était qu'une fois de temps en temps ; de plus nous ne faisions vraiment rien de mal. Il ne faisait que me donner un peu plus de courage pour supporter les événements récents. Je frappai son torse en riant doucement. « Oh tais-toi eh! Tu m'as juste atrocement manqué. » Une fois qu'il m'eut  débarrassé du pack de bières j'en profitai pour m'essuyer les yeux. A mon avis je n'avais pas fini de pleurer pour cet après-midi... J'avais tellement de choses à lui raconter et ce ne serait pas simple. « Je ne voulais pas venir les mains vides! Tu m'accueilles si gentiment. Avec plaisir pour la bière. » Je rentrai dans son appartement, un peu mal à l'aise et sans trop savoir comment aborder le sujet avec lui. Il m'enleva ce poids en me demandant simplement si oui ou non je voulais en parler tandis qu'il s'installait sur le canapé, ce que je fis également après avoir pris ma boisson. Je l'ouvris et bus une longue gorgée. « J'en sais trop rien, Liam... Je sais parfaitement que tu ne me jugeras en aucun cas mais je... Enfin c'est douloureux encore. » A vrai dire je manquais de peu de m'effondrer à chaque fois que mon regard croisait celui d'un enfant. Je baissai un instant les yeux, me mordant la lèvre. « J'étais heureuse et en couple. Seulement voilà... Ça faisait quelque temps que Jeremiah n'était plus vraiment lui-même. » A moins qu'il n'ait toujours eu ce côté destructeur enfoui au fond de lui. C'était une forte possibilité mais je n'avais pas envie d'y croire. Peut-être étaient-ce mes sentiments qui m'en empêchaient. « Il était jaloux. Vraiment trop. Et il a commencé à me surveiller... À s'énerver aussi. » Je bus une nouvelle gorgée, reposant les yeux sur mon ami. « Je me suis laissée faire pendant longtemps jusqu'à ce que je tombe enceinte... C'était de trop. Mais Julian ne sait rien de tout ça. Tu ne lui diras rien hein ? » Je n'avais pas franchement peur qu'il lui en parle : l'amitié n'était rien sans confiance.  « Bon, et si on parlait de toi ? Du nouveau dans ta vie ? »

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Liam avait ce don. Celui de me comprendre sans que je n’aie besoin de prononcer certains mots pourtant clés de la compréhension. Et dans le cas présent ; c’était un défaut. Il avait tout compris : Jeremiah me frappait. Je me mordis la lèvre si fort pour ne pas pleurer que même si je n’avais pas encore dit oui, Liam saurait sûrement que la réponse était positive. Encore une gorgée de bière, puis je pris enfin mon courage à deux mains. « Je sais pas si on peut dire blessée… mais… il s’emportait parfois, effectivement. » J’avais souvent eu des bleus et parfois quelques bosses. Pouvait-on cependant considérer cela comme étant des blessures ? « J’ai fait l’erreur de ne pas me défendre. D’être… conciliante. Mais tout le monde a ses limites et il m’a clairement fait dépasser les miennes. » Comme personne d’autre de toute ma vie d’ailleurs. Je sentis cependant que Liam n’était pas totalement satisfait de ma réponse, comme s’il voulait entendre les vrais mots sortir de ma bouche. Alors, après avoir poussé un long soupir : « Oui, il me frappait. » C’était dit. Je détournai presque aussi vite les yeux en serrant un peu plus ma bière dans ma main tout en essayant de ne pas me rappeler ces moments douloureux. Ca n’étaient pas tant les coups qui l’étaient, mais mon cœur qui s’était brisé un peu plus à chaque fois.

« Si tu décides de le garder… » Je me figeai sur place sans entendre le reste de sa phrase. Si je… quoi ? J’étais pourtant persuadée de lui avoir parlé de mon avortement. Je l’avais fait, j’en étais même certaine. Cinq mots seulement suffirent à me faire pleurer, à me faire perdre mon calme que je m’étais pourtant efforcée de garder jusqu’ici. Parler de cet évènement était déjà terrible pour moi, alors si en plus nous parlions de la possibilité que j’avais eue de le garder… et que je n’avais pas saisie, c’était impossible. « Liam, tu… » J’avais envie de l’insulter. C’était bien la première fois qu’un flot d’injures me venait à l’esprit et qu’il concernait Liam. Il m’avait mise… hors de moi, partagée entre un dégoût de moi-même et une peine inconsolable. « T’es vraiment qu’un abruti ! » Je reposai brusquement la bière sur la table basse avant de me relever. Le gifler ? J’aurais pu. Mais ça restait Liam, et le frapper m’était complètement inenvisageable. « Pourquoi est-ce que tu fais ça hein ?! t’es mon… t’es mon ami putain ! Pourquoi tu fais ça… » Les quelques derniers mots avaient été murmurés tandis que mes jambes s’étaient mises à trembler. Non, je ne me sentais pas bien du tout. Je fus forcée de me rasseoir sur le canapé pour reprendre mes esprits mais sans le regarder. Mon visage entre mes mains, les larmes se mirent à couler à flot sans que je ne puisse en retenir une seule. Calme-toi Liz’, calme-toi. Il n’a pas fait exprès, m’efforçai-je de penser entre deux sanglots. Pourtant je ne parvins pas à m’arrêter. Je n’avais clairement pas assez réfléchi à cette décision quand j’avais avorté et n’avais jamais envisagé que ce souvenir puisse être si douloureux. S’il était seulement possible de revenir en arrière…

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Comme elle s’en était doutée, la réaction de Liam fut… peut-être démesurée. Bien sûr qu’elle aurait dû en parler, et c’était déjà un exploit que Liz’ ait pu se confier à ce propos à son meilleur ami. Liam était la deuxième personne à l’apprendre, comme quoi : Julian ne ferait peut-être pas partie du top trois ! Elizabeth n’avait pas voulu lui dire mais Liam était tellement important pour elle qu’elle n’avait pas pu s’en empêcher. Et maintenant la jeune femme s’en mordait les doigts, culpabilisait presque. « Je ne voulais pas… embêter les gens. Au fond il m’a pas fait si mal… » dit-elle tout en essayant de minimiser les dégâts. Pourtant le mal était déjà fait. « Je sais que j’aurais dû. » tenta finalement Liz’, comme si avouer sa faute ferait qu’on la lui pardonnerait immédiatement. Dans le monde des bisounours, peut-être… mais pas ici. « Hey détends-toi, je l’ai pas ramené dans mes valises. Je veux plus le voir… » C’était tout de fois ce qu’elle pensait ! Mais Liz’ ignorait tout des sentiments qui l’habitaient encore, ou tout du moins faisait de son mieux pour ne pas les connaître. Elle ne savait même pas encore que Jeremiah, cet ex calamiteux, avait lui aussi débarqué en ville. Mieux valait que Liam, Julian ou même Esteban ne l’apprennent. « Le mal est fait, écoute… je… j’étais pas toute seule. Mon meilleur ami était avec moi. C’est lui qui m’a poussée à le quitter… » Et sans doute avait-il bien fait. Esteban lui manquait d’ailleurs déjà atrocement.

Puis soudainement les choses dégénérèrent. Elizabeth était à fleur de peau alors l’erreur de Liam ne passa pas inaperçue et prit des proportions énormes. Elle se sentait blessée, comme s’il l’avait fait exprès alors qu’il avait même mis un peu de temps à comprendre le problème. Une fois qu’il eut saisit le malaise qui s’était emparé de la jeune femme, le blond avait commencé les cents pas dans l’appartement en répétant qu’il était vraiment désolé. Ca n’était pas suffisant pour Liz’ qui n’avait que rarement été si inconsolable face à lui ! Il vint presque aussitôt vers elle quand elle se mit à pleurer et Liz’ agrippa le t-shirt de son ami qui la serrait dans ses bras. Elle pleura longuement. Peut-être trop, car quelques minutes plus tard elle commençait à fatiguer et à tenir un sacré mal de tête. Finalement, quand Elizabeth se fut à peu près calmée ; elle murmura : « Je suis horrible… » C’était un combat de tous les instants pour ne pas replonger. Si ça ne tenait qu’à elle, la jeune femme serait enfermée toute la journée à se morfondre sur cette erreur stupide. « J’ai… j’ai tué cet enfant… le mien… Liaaam… dis-le que j’suis horrible ! » Elle s’énervait presque. La culpabilité, sans doute… Elizabeth ferma les yeux, chercha à se détendre. C’était compliqué mais elle y parvint. Elle se reposa finalement sur le canapé, prit son visage entre ses mains. « Je… désolée. Je sais pas ce qu’il m’a pris… j’ai cru que… enfin je te l’ai dit par sms… tu étais au courant… » Mais Liam avait dû passer outre ce léger détail. Il avait l’habitude des crises de nerfs de toute façon… mais plus souvent par messages puisqu’ils ne se voyaient que rarement.

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En réalité, si, il lui avait fait mal. Très mal même par moment et pas que physiquement. Jeremiah avait brisé son cœur à défaut de lui briser quelques os, et c’était sans doute le pire. Mais il valait mieux épargner les détails sordides à Liam, déjà qu’il était sur le point d’imploser le pauvre ! « Je sais. Je sais tout ça, Liam ! J’ai fait l’erreur de trop écouter mes sentiments, de… de penser qu’il pouvait changer. Mais ça ne m’arrivera plus. Je ne retomberais plus dans ses bras, ok ? » Parce que Liz’ était presque certaine que Jeremiah se pointerait ici après elle, étant donné que la jeune photographe s’en était allée sans rien lui dire du tout. Une méthode bien lâche peut-être mais elle n’aurait jamais eu le courage nécessaire pour le quitter face à face. Oh, elle ne se rendait pas encore compte que l’amour régnait encore en maître, non… pour le moment la colère était bien prioritaire. La peur aussi. « Si j’avais su que tu serais venu immédiatement je… ok, je t’aurais peut-être appelé oui. » Mais il était trop tard et le mal était fait. « Parce que rien, Liam. » corrigea-t-elle. « S’il advenait que Jeremiah vienne ici aussi… je ne veux pas que tu le touches. T’as compris ? Cette histoire a déjà pris assez d’ampleur comme ça, c’est fini. »

Elizabeth n’avait pas imaginé que les choses se dérouleraient ainsi en venant le voir chez lui. Elle avait pensé… que ses bras la réconforteraient, qu’il serait là pour elle. Mais au lieu de ça ? Elle l’engueulait sur un malentendu. Ce n’était même pas sa faute, au pauvre Liam ! Il n’avait juste pas fait attention, une seule petite erreur. Elle avait pourtant presque hurlé avant de se mettre à pleurer. La culpabilité sans doute, et aussi l’accumulation de ces derniers mois pour le moins éprouvants. Quand la peine remplaça la colère à l’égard de son ami, Liz’ s’était mise dans ses bras et n’avait plus voulu le lâcher. Oui, elle avait besoin de lui et ce même si elle lui en voulait présentement. Il tenta de la rassurer du mieux qu’il put mais autant dire que ce ne fut pas… des plus efficace. « J’aurais pu prendre une autre décision ! J’aurais pu… garder… garder ce bébé… l’aimer… » Mais sur le moment, Elizabeth avait été persuadée d’en être absolument incapable et de ne rien savoir faire d’autre que de le haïr. Etait-ce une vie pour un enfant ? Non. Alors sur le coup cette décision lui avait paru la meilleure ! Mais plus après mure réflexion. Elle secoua la tête en l’entendant. « Non… t’es pas con je… c’est rien… c’est ma faute… Liaaam… » Elle se mordit furieusement la lèvre et releva son regard mouillé de larmes vers lui. « Tu… est-ce que tu promets que tu seras toujours là pour moi ? Même si j’suis… une horrible personne ? » Et parfois une gamine aussi, on pourrait croire. Dire qu’elle avait presque trente ans… elle n’était pas aussi forte qu’elle le pensait.

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« Je n’ai pas dit que je savais tout… » protesta à peine Elizabeth qui avait clairement l’impression que Liam l’engueulait. En même temps, il avait raison. Elle n’avait pas été du tout responsable en ne se protégeant pas les premières fois que ça avait dégénéré. « Il me manipulera pas. Je ne le verrais plus. D’accord ?! » Elle était assez à fleur de peau, c’était toujours le cas quand elle pensait à Jeremiah ou qu’on lui faisait la leçon. Là, c’étaient les deux en même temps ! « Je suis pas une victime, d’accord ? Je sais ce que tu penses mais… mais tout ça c’est fini. Je vais pas retomber dans ses bras ou lui redonner d’autres chances. C’est terminé. » Son cœur qui cognait fort dans sa poitrine pourtant lui faisait penser le contraire, et elle se mordit la lèvre. « Comment pourrait-on tomber amoureuse d’un type comme ça, de toute façon… » Si on lisait correctement entre les lignes, cela signifiait qu’elle l’était encore clairement, elle, amoureuse. Mais plus pour longtemps ! C’était ce dont elle essayait de se convaincre. Elizabeth releva les yeux vers lui. « Tu crois que les garçons sont tous comme ça ? » Elle espérait sincèrement qu’il lui dirait non et qu’il la rassurerait même si elle n’y croyait pas beaucoup. Elizabeth frissonna quand Liam menaça indirectement Jeremiah. S’il débarquait ici… tout serait beaucoup plus compliqué. « Ma vie n’est pas en danger. Julian est là. Tu es là. Mon meilleur ami sera là. Je… je suis bien entourée, non ? » Elle tenta un bref sourire pour le rassurer même si elle n’avait pas tellement la tête à ça.

Dans ses bras, elle se sentait plus en sécurité. Ils étaient puissants, la rassuraient autant que ses mots. Alors Liam pensait comme elle, qu’elle aurait pu ne pas aimer cet enfant ? C’était agréable de voir qu’elle n’était pas seule et qu’il la soutiendrait pendant encore un long moment. « Je… oui j’y ai pensé… Je me suis dit que je ne voulais infliger ça à personne, et… » Elle fit de son mieux pour ne pas pleurer encore, s’essuya les yeux rapidement. Liz’ se sentait bien conne d’avoir crié après son ami, d’un coup. Ce n’était pas de la faute du blond… Qui chercha même à faire une petite blague. Certes une blague nulle mais qui fit rire son amie. « T’es bête… » Sa promesse termina de la rassurer, elle se hissa sur ses pieds pour embrasser doucement sa joue puis s’enleva dans ses bras. Bien décidée à changer de sujet et à se changer les idées, la jeune femme reprit la bière et la vida rapidement. Elle se reposa sur le canapé, le regarda avec attention. « Assez parlé de moi. Je veux que tu me dises ce que tu deviens… parce que ça fait longtemps. »

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« Tu tiens encore à lui, pas vrai ? » Liz’ était bien obligée de plaider coupable, ce coup-là. « Comment tu fais pour lire en moi comme ça ? T’es énervant… » Elle se mordit la lèvre, le regardant brièvement. « Oui, je tiens encore à lui. Je lui en veux… c’est certain. Mais je… j’ai passé tellement de temps avec lui… quelques bons moments… je l’ai aimé… ça prendra sûrement du temps pour que je l’oublie. » Si c’était toutefois possible, ce dont elle n’était pas certaine. Ce mec, c’était un peu toute sa vie. Il la hanterait probablement toujours. La jeune femme haussa les épaules. « Je t’appelle s’il revient. Mais il ne faut pas lui casser la gueule, hein… » Ou pas pour le moment, en tout cas ! Le pauvre n’avait pas encore mis les pieds à Cougar Town que déjà deux types voulaient le réduire en cendres. C’était ce qu’on pouvait appeler un accueil… chaleureux. La réponse de Liam la rassura un peu. Il existait donc des hommes bien. Avec un tout petit sourire, elle répliqua : « Cool, enfin en général ils sont déjà pris, ces hommes-là. » Ou alors, ils faisaient partie de ses proches, comme Liam ou Esteban avec qui elle ne se permettrait jamais aucun rapprochement trop intime. Elle rit malgré elle en entendant le blond parler de harem. C’était peut-être un terme un peu fort… mais si ça lui faisait plaisir, pourquoi pas ! Liz’ haussa les épaules.

Elizabeth s’essuya une dernière fois les yeux pour se concentrer sur son ami. Elle s’était reposée sur le canapé et attendait avec impatience qu’il lui parle d’autre chose, qu’il lui parle un peu de lui. C’était bien sympa les SMS, mais ça ne faisait pas tout non plus et d’ailleurs ils ne s’en envoyaient pas tant que ça avant qu’elle ne vienne ici. Liz’ fit la moue en l’entendant. Elle attrapa une autre bière puis le regarda de nouveau. « Des conneries ? » Elle arqua un sourcil. Liz’ avait effectivement eu vent de sa rupture même si elle n’avait pas eu tous les détails. Elle attendit finalement qu’il se remette sur le canapé pour se mettre dans ses bras, de façon à lui parler tout en lui faisant un câlin. Elle aussi, elle voulait être là pour lui. L’amitié ne marchait jamais dans un sens unique. « Raconte-moi tout, p’tit blond. C’est pas bien de faire des bêtises, tu sais. » Liz’ sourit tristement et se mit à imaginer tout un tas de choses. Que pouvait-il avoir fait ? Sa curiosité sans nom prit le dessus sur tout le reste, et elle le secoua juste un peu pour qu’il parle. « Dis-moi ! Ca m’fait peur. »

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Ils avaient finalement cessé de parler de Jeremiah et c’était sans doute le mieux à faire. Elizabeth n’aurait de toute façon pas supporté d’en parler plus longtemps et jugeait avoir déjà assez pleuré devant Liam. Et l’avoir déjà suffisamment importuné, aussi. Alors elle lui demanda plutôt ce qu’il se passait de nouveau dans sa vie et la réponse ne fut pas géniale. A croire qu’elle avait bien fait de venir le voir et que ça profiterait à tous les deux ! Elle fit une petite moue triste, l’écouta parler sans l’interrompre. Elle en profita pour terminer sa boisson, réfléchissant à la manière de le réconforter à son tour. Elle se devait d’être là pour lui, c’était une obligation. C’était ça, l’amitié ! Elle fut triste à la seconde où elle remarqua que son ami avait baissé les yeux. Liz’ reconnaissait bien là la honte qu’il pouvait ressentir. Elizabeth se rapprocha finalement de lui et déposa sa main sur sa joue pour lui faire relever la tête. « Hey… Liam. Regarde-moi. » dit-elle d’une voix douce. Elle glissa finalement sa main contre lui pour attraper celle de son ami et la serrer doucement dans la sienne. « T’es loin d’être un connard. T’es quelqu’un de bien… » Et jamais rien ne pourrait changer cette idée qu’elle avait de lui. « Tout le monde fait des erreurs. Certaines ne sont pas pardonnables… d’autres oui. T’avais tes raisons pour faire ça. » Elle soupira puis finalement le prit dans ses bras à son tour. Elle ne s’était jamais sentie aussi proche de lui qu’à cet instant.

Elizabeth resta un moment à le cajoler puis le fit s’asseoir sur le canapé avec elle. La jeune femme déposa sa tête sur l’épaule de Liam, soupira un peu. Il fallait changer de sujet. Il fallait que Liam arrête tout comme elle de ruminer et qu’il comprenne qu’il était très important et mieux : quelqu’un de bien. « Tu sais je… j’me dis qu’on devrait parler à Julian, toi et moi. De nous deux. C’est vrai, quoi… ça fait longtemps qu’on s’apprécie, qu’on est proches, et y’a rien de mal à ça. Tu m’as jamais fait souffrir… pourquoi ne serait-il pas d’accord ? » Liz’ se demandait même parfois pourquoi ils ne l’avaient pas encore fait. Elle reprit la main de Liam et commença à jouer avec ses doigts à lui en souriant tout doucement. « De toute façon, je suis là maintenant. Et je compte pas me passer de toi. Ou te parler que par message. Ni même me cacher. J’ai vraiment envie qu’on lui en parle. » Si encore ils avaient couché ensemble… mais là, il n’en était pas question ! D’autant que Liam n’avait plus vraiment de copine qui pouvait être jalouse d’elle… si ? Elle soupira un peu. « Je t’avoue que ça m’embête de pas pouvoir lui dire à quel point t’es un type génial. Puis en plus, il pourrait le prendre mal s’il le découvrait tout seul. Il pourrait venir te voir pendant que je suis là, par exemple ! Ce serait pas une très bonne chose… »