Cela faisait deux longues années que j’habitais à Cougar Town. Je n’avais plus eu de nouvelles de mon ex-mari et je commençais à reprendre le cours de ma vie, si ce n’est que je cherchais plus à faire la fête qu’autre chose. J’avais 36 ans et je ne me considérais pas comme spécialement vieille. Bref, en me réveillant ce matin-là, j’étais plutôt motivée pour bosser sur l’un de mes dossiers. En tant qu’avocate, j’avais plusieurs clients à défendre dont qui était accusé d’avoir tué le mari d’une de je ne sais pas trop qui. Il plaisait la légitime défense bien que je lui ai conseillé de plaider coupable. Il avait refusé. C’était son choix. Une tasse de café dans une main, le dossier de mon client dans l’autre, j’allais m’installer dans mon salon. Il fallait que je trouve une preuve ou un semblant de preuve que c’était bien de la légitime défense. Je tournais les pages du dossier sans vraiment les lire. Le soleil dehors me faisait de l’œil. Je finis ma tasse de café et partit ensuite dans ma chambre. Tant pis, ce n’est pas aujourd’hui que je plancherais sur mon affaire. J’avais encore une semaine avant que l’audience ne commence.

Quelques minutes plus tard, je me retrouvais dans le parc. Je n’avais pas pris ma voiture, qui était complètement inutile dans une ville comme Cougar Town. Je regardais les gens, rendais des souries à ceux qui m’en faisait. J’étais contente. J’avais l’impression de revivre. Je continuais de marcher faisait plus ou moins attention aux gens que je croisais. Ne sait-on jamais si je rencontrais quelqu’un que je connaissais. Du parc, je vais ensuite vers le centre-ville voir les nouvelles collections de vêtement. Bah oui, même en ayant passé le cap de la trentaine, je suis toujours autant une fada de shopping. Je continue d’avancer lorsque je croise un homme avec son chien. Il avait un trou à son pantalon dans un endroit plutôt stratégique. Certes, j’aurais pu rigoler dans mon coin et ne rien dire mais je n’aurais pas aimé être à sa place. Je l’interpelle donc et essai de me concentrer pour ne pas exploser de rire. Il me demande alors poliment ce que j’ai. Je relève les yeux vers lui et réponds :

Vous avez un trou… a votre pantalon… » Je ne lui montrais pas, j’espérais juste qu’il comprenne. Toujours en essayant de ne pas rigoler, j’ajoutais : « Ce n’est rien de grave, mais je tenais à vous le dire… »

Je lui fis un petit sourire gêné tout de même et attendit sa réponse ou tout simplement une réaction venant de sa part.

J’étais le genre de fille plutôt franche. C’est vrai, je déteste l’hypocrisie et je dis toujours ce que je pense sans réellement penser aux conséquences que cela peut avoir. C’est tout naturellement que j’avais voulu faire comprendre à ce jeune homme qu’il avait un trou à son pantalon à un endroit quelque peu stratégique. Certes, je ne lui avais dit franco là où il se trouvait parce que je ne voulais pas le mettre plus mal à l’aise que ce qu’il pouvait l’être mais il avait fini par comprendre. Merci à la petite vieille qui passait par là. Bref, il me remercia et je continue de sourire quelque peu gênée néanmoins. J’avais quand même envie de rire. C’est le genre de situation un peu atypique qu’on adore raconté pendant les grands repas de familles. Au moins, j’aurais un truc à raconter au prochain repas de Noël. Il me tendit alors la main et se présentait. Je souris et lui serra la main, tout en répondant :

« Enchantée, moi c’est Aleyna. »

J’allais reprendre mon chemin. Après tout, il devait sûrement aller changer son pantalon ou faire je ne sais trop quoi. On avait plus grand-chose à se dire au final. Je sortis mon téléphone de ma poche pour regarder l’heure lorsqu’il me proposa de m’offrir un verre pour me remercier. Je fus quelque peu surprise. C’est vrai, pour moi c’était presque logique de lui dire qu’il avait un trou à son pantalon. Je n’avais pas non plus fait un exploit immense. Néanmoins, je ne me voyais pas lui refuser. Après tout, s’il voulait vraiment me remercier. Je répondis simplement :

« Si ça peut vous faire alors pourquoi pas. »

Je lui souris de nouveau puis il me précisa qu’il devait rentrer chez lui histoire d’aller ce changé, ce qui était complètement légitime. Je le regardais et répondis avec un sourire :

« Oui bien sûr, il n’y a pas de soucis. Vous habitez loin ? »

Je le regardais puis commença à me diriger avec lui vers sa maison. J’attendais sa réponse tout en continuant de regarder es gens qui passaient à côté de nous. J’en voyais certains rigoler, d’autres avaient l’air plutôt pressé. Habiter à Cougar Town ça me changeait réellement des grandes villes. Je commençais à prendre l’habitude de ce genre d’endroit plutôt calme.

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What the fuck ?

AVEC ALEYNA

C’est pas le genre de situation qu’on vit tous les jours et j’ai envie de dire, encore heureux ! Ce serait vraiment avoir la poisse. Je lui suis vraiment reconnaissant de m’avoir prévenu parce que je sais que certaines personnes se seraient contentées de se foutre de moi parce que c’est marrant qu’un type ait un trou dans son pantalon, évidemment. Ce n’est pas pour autant que je ne suis pas gêné de me retrouver là et je suppose que ça se voit. Enfin, tout le monde aurait réagi comme ça je pense. Elle finit par se présenter en tant qu’Aleyna en me serrant la main :

« Enchanté. »

A vrai dire, c’est un peu pour la forme. Parce que dans ce cas-là, ça fait vraiment un drôle d’effet. Y a qu’à moi que ça arrive ces trucs-là… Quoi qu’il en soit, je me dois de la remercier et apparemment, elle n’y voit aucun inconvénient. Tant mieux parce que j’avoue que je ne sais pas quoi faire d’autre pour lui exprimer ma gratitude. Lui donner de l’argent serait vraiment trop suspect.

Je lui demande si je peux passer chez moi histoire de me changer avant, parce que  j’ai l’air d’un pervers détraqué. Ça fait plutôt mauvaise figure. Bref. Elle accepte et je lui réponds simplement :

« J’habite à quelques minutes d’ici, nous y serons bientôt. »

Je reste silencieux pendant tout le trajet alors que les gens me regardent de haut en bas. Comme je m’en doutais, y en a qui se marrent, d’autres qui sont choqués, et d’autres encore qui s’en foutent. Quel soulagement quand on arrive devant chez moi ! Je l’invite à me suivre et la fait entrer :

« J’en ai pour deux minutes. »

Je disparais dans la chambre et je me change. Je me sens bien mieux désormais. Comme promis, je ne tarde pas à revenir :

« Est-ce que le Men’s Bar vous convient ? »

© EKKINOX

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